top of page
DIUcZcqXUAAusbO_edited.jpg

Echanges de spécialistes à destination des non spécialistes

*garanti sans jargon

Être notifié de la parution d'un article

Bien reçu !

Croiser les spécialités entres Conservateurs-Restaurateurs

Un petit billet pour vous tenir informé des dernière actualités !

Je tiens régulièrement des projets parallèles aux commandes privées afin de prendre du recul en variant les projets, mais également car je suis aussi mon propre client privé ! Collectionneuse avide, en recherche de nouveaux défis et d'expérimentations, la conservation-restauration d'objets qui m'appartiennent est l'occasion de sortir un peu des sentiers battus, toujours dans le respect de l'objet, mais avec un peu plus de tranquillité à prendre des risques en choisissant des objets de peu de valeur (ce point est bien sûr discutable, mais la science n'avancerait pas sans prise de risques !)


Cet article concerne la retouche d'une peinture à l'huile sur toile. Une autre restauratrice a réalisé les traitements de la structure, et j'avais ses conseils pour procéder aux étapes de masticage et de retouche. (Rien de trop risqué finalement !) J'ai déjà pratiqué ces traitements propres à la conservation-restauration de tableaux par le passé, mais je voulais m'essayer à l'utilisation des Gamblins, des couleurs vernissées à retoucher, et à la retouche a trateggio, ou plutôt, a punteggio. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il ne s'agit pas d'une pratique courante lorsqu'on est spécialisé en conservation-restauration des papiers.


*ATTENTION*

Les éléments décrits ci-dessous ne constituent que certaines étapes de la conservation-restauration d'un tableau. Ils sont pensés de façon à fonctionner comme un ensemble adaptés à un cas particulier. A l'instar de pratiques médicales, les explications ci-dessous ne doivent pas être répétées à votre domicile, au risque de dégrader ou endommager une œuvre qui ne supporterait pas ces traitements.

Demandez l'avis d'un professionnel expérimenté.


Mastics

Les lacunes de couche picturale (les écailles de peinture à l'huile et de préparation de base ont sauté et laissent la toile visible) sont comblées avec un mastic afin de se mettre à niveau des bords de la lacune. Les effets de matières, empâtements, mouvements et rainures créés par les pinceaux sont structurés (sculptés) afin de retrouver la continuité visuelle de la peinture. Si les comblements étaient plats, selon l'orientation de la lumière, les retouches seraient très visibles, et deviendraient caduques !

Les mastics paraissent plats ?.... (Conservation-Restauration du Portrait de Jean Louis de Billeron Officier et Brigadier des Mousquetaires 1717, peinture à l'huile sur toile, détail des mastics, vue de face ©Ségolène Girard)

...heureusement qu'ils ne le sont pas ! (Conservation-Restauration du Portrait de Jean Louis de Billeron Officier et Brigadier des Mousquetaires 1717, peinture à l'huile sur toile, détail des mastics, vue de face en lumière rasante ©Ségolène Girard)

Les mastics retouchés a punteggio avec les Couleurs de Conservation Gamblin (Conservation-Restauration du Portrait de Jean Louis de Billeron Officier et Brigadier des Mousquetaires 1717, peinture à l'huile sur toile, détail des retouches, vue de face ©Ségolène Girard)

A punteggio

Cette technique consiste à juxtaposer côtes-à-côtes des points de couleurs dans une lacune à retoucher afin d'approcher les couleurs avoisinantes. L'effet d'optique obtenu se rapproche du courant pointilliste. L'intérêt de cette technique est d'obtenir tous les effets d'une peinture à l'huile qui porte les marques du peintre et du temps, sans se l'approprier. Avec quelques couleurs (4 pour tout le tableau ici) de très nombreuses gammes sont obtenues. L'effet d'optique créé par la technique a punteggio donne l'illusion de la profondeur de l'huile en une seule fois, sans nombreuses couches et temps de séchage. Contrairement à un aplat de couleur (couleur unie), le pointillisme donne du volume. Si la lacune est grande, le pointillisme suggère seulement les formes perdues sans rentrer dans la fantaisie et l'imaginaire en s'appropriant l’œuvre du peintre. Enfin, la technique a punteggio est visible seulement de près, et permet de profiter de l’œuvre dans son ensemble, sans tenter de faire disparaître les marques du temps et le passage du conservateur-restaurateur. Pour des questions de déontologie, les traitements de conservation-restauration doivent êtres réversibles, et pour se faire, discrètement visibles. On parle de retouche semi-illusionniste.

Avant-après retouche a punteggio avec les Couleurs de Conservation Gamblin (Conservation-Restauration du Portrait de Jean Louis de Billeron Officier et Brigadier des Mousquetaires en 1717, peinture à l'huile sur toile, détail des retouches avant vernissage, vue de face ©Ségolène Girard)

Les Gamblins

Ce que Cts Europe nous dit : " Les “Couleurs de Conservation Gamblin” sont le résultat d’une étude approfondie, ciblée sur les couleurs de retouche caractérisées par une meilleure résistance à l’oxydation et donc à la dégradation [...] les plus résistants au vieillissement, étant à base de la très stable résine aldéhydique Laropal A81, et de pigments Lightfastness de Classe I"


Les couleurs se présentent sous forme d'une résine semi-liquide, que j'ai dilué pour ma part avec l'équivalent d'un liant de Laropal A81 dans l'Isopropanol. La transparence des couleurs et leur séchage très rapide les rapproche de l'aquarelle. Cependant, j'ai trouvé leur utilisation assez laborieuse, et ce qui se voulait être un avantage s'est transformé en contrainte. La matière est assez collante (et odorante, ce à quoi les conservateurs-restaurateurs de papiers sont moins habitués), de sorte que la pose d'une touche est agrippée par la précédente. La gamme de pigments ne correspond pas non plus aux dénominations de couleurs habituelles et sont soit très foncées, soit très vives. Après de très nombreux essais j'ai finalement obtenu le résultat suivant, mais non sans peine (les défauts de matité-brillance seront corrigés lors du vernissage final) :


Avant-après retouche a punteggio avec les Couleurs de Conservation Gamblin (Conservation-Restauration du Portrait de Jean Louis de Billeron Officier et Brigadier des Mousquetaires en 1717, peinture à l'huile sur toile ©Ségolène Girard)

En conclusion

Passionnée par la relation papier-peinture, je voulais me rendre compte par moi-même des utilisations pouvant être faites des Gamblins et des techniques de retouches en peinture, en retouche de peintures sur papier. Je partais déjà en sachant que l'association vernis-papier ne saurait faire bon ménage, mais disons que la pratique met les choses en perspective ! Notamment sur la question des mastics que beaucoup continuent d'utiliser en restauration d’œuvres peintes sur papier et que je trouve inadéquate pour des questions de poids et de compatibilité de support... Je pense que l'a punteggio mériterait toutefois plus de crédit dans notre spécialité, le semi-illusionniste, pour les conservateurs-restaurateurs de papier, se limite souvent à teindre le comblement d'une teinte "en-dessous" (plus claire). Quant aux Gamblins, peut-être est-ce la copiste qui parle, mais je suis très mitigée. Bien sûr, il faudrait plus d'essais et d'expérience avant de me prononcer définitivement, mais je ne pense pas qu'il puisse être fait un usage "sensible" de ces couleurs, et j'attends de voir si elles ne suivent pas la même descente que les Maimeri dont on faisait tant la louange, et qui avaient au moins le bénéfice de l'intuition d'utilisation.


Mon mot de fin sera le suivant : Chers confrères spécialistes des tableaux, je vous voue une éternelle admiration !

Publié dernièrement
Archives
bottom of page